Le premier à passer sur la crêpière du Breton est Thomas DAVID, notre expert référent « Finance ».
Pour cette grande première, je ne vous cache pas que nous avons retenu « La question simple ». On pourrait alors vous expliquer qu’une question simple peut souvent révéler des réponses profondes et stimuler la réflexion. Qu’avec son doctorat en Finance et son expérience académique (enseignant-chercheur à l’Université Paris-Dauphine entre 2012 et 2017, avant d’intégrer le département de recherche en Finance de l’ESCP Business School), notre expert était prêt à affronter les questions les plus complexes.
Mais non ! Thomas a demandé spécifiquement une question simple pour cette première interview. Eh bien, notre Breton a relevé le défi ! Il a ainsi posé à Thomas « La question simple » qu'il réclamait ardemment.
« Cher Expert,
Voici une question simple à 500 milliards d’euros qui titille notre curiosité ! Selon les données toutes fraîches de la Banque de France, cette somme colossale semble dormir sur les comptes courants des Français. Mais, est-ce vraiment un choix judicieux lorsque l'inflation atteint des sommets ? Pouvez-vous nous expliquer tout cela et avez-vous des conseils à nous donner ? » Kevin LOAS
« Mon cher petit Breton,
Je tiens tout d’abord à préciser qu’une question simple ne veut pas forcément dire une réponse simple !
Si nous sommes très théoriques :
1. L’inflation est l’augmentation au cours du temps du prix d’une chose. Pour l’illustrer : il y a un an, la bouteille de Breizh Cola coutait 1,55, celle-ci coute désormais 1,75 €.
2. Le lien entre inflation et compte courant réside dans le fait que si vos liquidités ne sont pas rémunérées tandis que le prix d’une chose augmente, alors, à mesure du temps, vous avez la capacité d’acheter une quantité de plus en plus faible de cette même chose. Pour l’illustrer : il y a un an, vos liquidités disponibles sur votre compte courant vous permettaient d’acheter 200 bouteilles de Breizh cola. Ce même montant ne vous permet plus aujourd’hui, que d’acheter 177 bouteilles, et il vous manquera 40€ pour en acheter la même quantité qu’auparavant.
De là, nous pouvons être simplistes, alarmistes et en réalité profondément opportunistes :
« Mon cher Monsieur, l’inflation est à 10%. Il faut impérativement ne rien laisser sur vos supports bancaires. Vous perdez chaque jour du pouvoir d’achat. Positionnez tout sur le dernier contrat d’assurance vie à la mode, en optant pour une allocation à 100 % en ETF actions. »
Alors oui, vous aurez une chance de compenser l’inflation. Mais ça ne sera qu’une CHANCE, certainement pas une certitude. Mais surtout, aurez-vous répondu à vos besoins réels ? A vos projets ? Etes-vous en phase avec le risque que vous souhaitez prendre ?
Nous pouvons alors être bien plus pragmatiques et pousser notre réflexion un peu plus loin :
Le plus souvent, l’inflation témoigne d’une augmentation globale des prix, plus ou moins en adéquation avec la revalorisation des salaires. Or le phénomène inflationniste que nous vivons actuellement est très différent. Je dirais qu’il est pluriel, différenciant et contextuel :
Sur les dépenses du quotidien, la plupart des Français voient le prix de leur panier de courses et le coût de leur énergie exploser (bien au-delà des 5, 6 ou 10% d’inflation : peu importe le chiffre que nous souhaitons retenir, que ce soit celui de la police ou celui des organisations syndicales).
Sur les biens patrimoniaux, l’immobilier par exemple, nous assistons davantage à une contraction des prix.
De la sorte, si la montée des taux d’intérêts érode votre capacité à réaliser des investissements par l’emprunt et si vos dépenses du quotidien impactent toujours plus votre budget mensuel, le phénomène inflationniste actuel n’induit pas, concernant votre épargne, une perte de votre pouvoir d’achat patrimonial.
En synthèse :
Oui : L’inflation actuelle conduit à ce que vous ayez de moins en moins la capacité d’acheter votre Breizh Cola ;
Oui : La montée actuelle des taux d’intérêt induit que pour une même mensualité de crédit, le capital emprunté soit de plus en plus faible, limitant progressivement votre capacité à acheter par le levier du crédit.
Toutefois : Au regard des caractéristiques propres du phénomène inflationniste actuel, il est fort probable qu’avec un même montant d’épargne (100.000 € par exemple), vous soyez progressivement, au cours des prochains mois, en mesure d’acheter une part de plus en plus importante d’un même bien immobilier ou de tout autre projet patrimonial.
Dans cette période si particulière et sur ce sujet de l’inflation, je n’aurais ainsi qu’un seul conseil : Restez fidèle aux fondamentaux :
Définissez le montant souhaité de votre épargne de précaution : c’est-à-dire votre épargne immédiatement disponible et essentielle à votre quotidien. N’y dérogez pas ! Préférez alors les livrets réglementés (Livret A, LDDS, etc.) à votre compte courant, afin de limiter au mieux les effets de l’inflation. Vous ne compenserez pas l’inflation, mais vous faire croire qu’une solution 100% sécurisée, parfaitement disponible et offrant une rentabilité à hauteur du taux actuel d’inflation existe, c’est vous mentir.
Définissez vos objectifs patrimoniaux et mettez toutes les chances de votre côté d’y parvenir ! Pour cela, ne visez jamais une rentabilité pour une rentabilité (vous serez toujours déçu). Déterminez votre envie de prendre des risques, l’horizon de vos projets et vos besoins. Soyez bien accompagné, par un professionnel qui saura défendre vos intérêts et vous prodiguer DES CONSEILS de qualité (et qui ne sera surtout pas là pour vous vendre quelque chose). Ce n’est que de cette manière que vous parviendrez à répondre totalement à vos attentes. ». Thomas DAVID
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